Bonheur et satisfaction
Cette page est une adaptation de “Happiness and Life Satisfaction”, par Esteban Ortiz-Ospina et Max Roser. Elle a été publiée pour la première fois en mai 2017 et révisée pour la dernière fois en décembre 2023.
Adaptation par Mathieu Perona pour le compte de l'Observatoire du Bien-être du CEPREMAP.
Les gens sont-ils heureux aujourd'hui ? L'étaient-ils plus dans le passé ? Comment les personnes évaluent-elles leurs conditions de vie dans des sociétés différentes ? Et comment nos propres conditions de vie affectent-elles notre sensation de bonheur ou de satisfaction à l'égard de notre vie présente ? Pour complexes qu'elles soient, ces questions nous touchent personnellement, et elles constituent un domaine central de recherches pour les sciences sociales, y compris pour la science économique la plus classique (mainstream).
Les travaux de la Commission Stiglitz ont porté à l'attention publique les recherches déjà anciennes visant à compléter les métriques habituelles de prospérité économique, comme le PIB par habitant, par des mesures du bien-être subjectif des personnes. Mais comment mesurer le bien-être ? Est-il possible de comparer le bien-être entre personnes vivant dans des époques, sociétés ou conditions différentes ? Peut-on en tirer des indices sur ce qui fait que des personnes s'estiment heureuses ?
Cette page présente les données et les éléments de preuve disponibles pour éclairer ces questions. Nous traiterons en particulier des enquêtes sur le bien-être subjectif, c'est-à-dire tel que déclaré par les personnes, ainsi que leur évaluation quant à leur satisfaction de vie.
Nous en tirons les enseignements-clés suivants :
- Nous disposons aujourd'hui d'un cadre méthodologique faisant des questions directes sur le bonheur ou la satisfaction de vie un instrument de mesure satisfaisant du bien-être subjectif.
- La satisfaction de vie et le bonheur varient énormément, que ce soit à l'intérieur d'un même pays ou entre pays. Au premier regard, les enquêtes démontrent une très grande dispersion des évaluations.
- Les personnes aisées ont en moyenne une évaluation plus positive de leur bonheur subjectif que n'en ont les personnes pauvres. Les pays plus riches ont en moyenne un niveau de bonheur subjectif plus élevé, et dans le temps, les pays ayant connu une croissance économique durable ont vu leur niveau de bonheur augmenter. Ces séries suggèrent que, tant au niveau individuel qu'au niveau du pays, le revenu et le bonheur subjectif évoluent dans la même direction (sans que cela signifie que l'argent fasse le bonheur : les relations entre ces deux éléments sont, on va le voir, complexes).
- Les grands événements de la vie (mariage, enfants, divorce) affectent le bonheur subjectif, mais ont des effets étonnamment courts. Ce constat suggère que les personnes tendent à s'adapter assez rapidement aux changements non catastrophiques dans leurs conditions de vie.
Approche empirique
Comparaisons entre pays
Le bonheur dans le monde, pays par pays
Le World Happiness Report constitue une des principales sources de comparaison du bonheur entre pays. Rédigé par un groupe d'experts indépendants au sein du Sustainable Development Solutions Network mis en place par l’ONU, ce rapport annuel se fonde largement sur le panel mondial de l'institut Gallup. Ce dernier réalise des enquêtes auprès d'échantillons représentatifs dans plus de 160 pays et en 140 langues, sur la base de questions uniformisées. La principale question posée est ainsi : "Imaginez une échelle avec des barreaux numérotés de zéro en bas à dix en haut. Le barreau du haut représente la meilleure vie possible pour vous, le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir à ce moment de votre vie ?". Connue sous le nom d'échelle de Cantril, cette évaluation du bien-être, ainsi que la formulation précise de la question, constitue un standard commun pour les recherches sur le bien-être subjectif.
La carte ci-dessous représente la moyenne des réponses des enquêtés à cette question. Comme pour l'échelle, les valeurs dans la carte sont codées de zéro à dix. La carte est interactive, vous pouvez cliquer sur chaque pays pour visualiser l'évolution dans le temps de la satisfaction de vie pour ce pays.
Les différences entre pays sont flagrantes. Les pays européens sont en tête du classement, avec plusieurs moyennes nationales supérieures à 7. La même année, les moyennes les plus faibles étaient enregistrées sur le continent africain et au Moyen-Orient.
Il est évident sur cette carte que la satisfaction de vie est liée à des mesures objectives des conditions de vie : les pays les plus riches et en meilleure santé affichent des scores moyens de satisfaction de vie plus élevés. Nous y reviendrons.
Évolutions dans le temps : les enseignements de la World Values Survey
La World Values Survey fournit également des mesures de bien-être subjectif dans différents pays. Elle constitue une source essentielle pour les comparaisons dans le temps car elle couvre depuis plus longtemps que le panel Gallup des pays non-européens. Plus précisément, elle collecte des données à partir d'un échantillon d'enquêtes nationales couvrant presque 100 pays, les enquêtes les plus anciennes datant de 1981. Dans ces enquêtes, on demande en particulier aux personnes : "Tout bien considéré, diriez-vous que vous êtes… (i) Très heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas très heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas". Les courbes ci-dessous représentent pour chaque pays la part des personnes qui se disent “très heureuses” ou “assez heureuses”.
Dans la plupart des pays, cette part augmente avec le temps. Dans la majorité des pays où au moins deux enquêtes ont été conduites, l'observation la plus récente est plus élevée que la plus ancienne. Dans certains cas, l'amélioration est spectaculaire.
Évolution dans le temps : les enseignements de l'Eurobaromètre
L'Eurobaromètre, sous l'égide de la Commission européenne, collecte depuis 1974 des données sur la satisfaction de vie au sein de grandes enquêtes d'opinion. Pour certains pays, ces enquêtes ont été menées annuellement depuis plus de 40 ans. Le graphique ci-dessous montre, comme précédemment, la part des personnes se disant “très satisfaites” ou “assez satisfaites” de leurs conditions de vie.
La plus grande fréquence et le nombre de pays permettent de mettre en évidence deux points importants. Premièrement, les évaluations de satisfaction de vie fluctuent autour d'une tendance. En France, cette tendance sur 1974–2016 est positive, mais avec des hauts et des bas assez marqués.
Deuxièmement, la tendance a été positive pour la plupart des pays européens. En règle générale, la part des personnes qui s'estiment satisfaites de leur vie a augmenté sur la durée de l'enquête1.
Au-delà des moyennes : la distribution des évaluations de satisfaction de vie
La plupart des études comparatives entre pays considèrent essentiellement les moyennes, comme nous l'avons fait jusqu'ici. Toutefois, la distribution des réponses est au moins aussi importante que la moyenne. Illustrons ci-dessous la manière dont les enquêtés ont répondu aux questions en représentant la part des répondants pour chacune des modalités de 0 à 10. Chaque couleur renvoie à une région du monde, et pour chaque région, la distribution mondiale est représentée par les traits horizontaux.
Ces graphiques montrent qu'en Afrique sub-saharienne, la région présentant les moyennes les plus faibles, l'ensemble de la distribution est décalée vers la gauche par rapport à celle de l'Europe. Cela signifie que quel que soit le seuil utilisé pour définir la part des personnes heureuses (au sens où une personne est dite heureuse si sa réponse est supérieur à une valeur donnée, 5 ou 7 sur l'échelle par exemple), cette part sera toujours supérieure en Europe qu'en Afrique sub-saharienne. Le même phénomène existe si on compare par exemple l'Amérique du Nord avec l'Asie du Sud.
Un autre point intéressant est que la distribution des réponses en Amérique latine (y compris les Caraïbes) montre un fort taux de réponses élevées, l'ensemble de la distribution étant nettement à droite de pays au niveau de vie comparable, par exemple ceux de l'Europe centrale et orientale. Il s'agit là de l'indice d'un phénomène plus profond : les pays d'Amérique latine ont des niveaux de bien-être subjectif supérieurs à celui des autres pays de même niveau de développement. Cela illustre l'importance de l'environnement social, la culture et l'histoire dans l'évaluation de la satisfaction de vie (nous y reviendrons).
Si vous souhaitez aller plus loin, la "Pew Global Attitudes Survey" fournit des données de distribution sur une quarantaine de pays.
Opinions et illusions sur le bonheur des autres
Il existe une tendance générale à sous-estimer le bonheur des personnes qui nous entourent. Le graphique ci-dessous le montre de manière spectaculaire, en utilisant des données de l'institut IPSOS, Perils of Perception, qui a demandé aux enquêtés de deviner ce que les autres personnes de leur pays avaient répondu aux questions de la World Values Survey.
Dans ce graphique, l'axe horizontal représente la part réelle des personnes s'estimant “très heureuses” ou “assez heureuses” dans la World Values Survey. L'axe vertical représente la réponse moyenne à l'évaluation de cette valeur dans l'enquête IPSOS (c'est-à-dire la réponse à "Selon vous, quelle part des personnes de votre pays s'estiment très ou assez heureuses ?"). Si les estimations étaient correctes, tous les points seraient sur ou très proches de la diagonale. Or, nous voyons qu'ils sont massés vers le quadrant sud-est du graphique : partout, les répondants à IPSOS ont sous-estimé le niveau moyen de bonheur de leurs concitoyens, parfois dans des proportions importantes. Ainsi, en Corée du Sud, les répondants pensent en moyenne que 24% des Coréens du sud se disent heureux, alors qu'ils ont en fait 90% à le faire. Même dans les pays les plus proches de la diagonale (le Canada et la Norvège), les gens pensent que 60% de leurs concitoyens se déclarent heureux, alors que le taux de bonheur réellement déclaré le plus faible (celui de la Hongrie), est à 69%.
Comment expliquer que tout le monde ait une représentation aussi fausse et négative du bonheur ressenti par les autres ?
Une possibilité est que les personnes directement interrogées surestiment leur bonheur subjectif. L'évaluation du bonheur des autres serait alors l'indicateur correct de la véritable satisfaction de vie (mais pas de la satisfaction de vie ressentie). Toutefois, cela ne serait vrai que si les personnes qui surestiment leur propre bien-être supposent dans le même temps que tous les autres ne font pas de même.
Alternativement, il a été démontré que l'évaluation de notre niveau de bonheur par nos amis correspond assez bien à notre propre évaluation, et que la plupart des personnes sont capables d'évaluer les émotions d'une personne sur la simple base de l'expression de son visage. De ce fait, une explication plus probable est que les gens tendent à avoir une évaluation assez positive d'eux-mêmes, mais plus négative quand il s'agit de personnes qu'ils ne connaissent pas.
Il a été observé dans d'autres contextes que les personnes peuvent être en même temps très optimistes quant à leur futur personnel, et très pessimistes quant à l'avenir de leur pays ou du monde.
À l'intérieur de chaque pays
Inégalités de satisfaction de vie entre Allemagne de l'Ouest et Allemagne de l'Est
Les moyennes nationales telles que nous les avons explorées jusqu'ici masquent généralement des inégalités marquées à l'intérieur de chaque pays. Illustrons ce phénomène avec l'Allemagne (carte ci-dessous).
Cette carte représente la moyenne par région2 de la satisfaction de vie subjective (toujours évaluée de 0 à 10). L'ancienne frontière entre Allemagne de l'Est et Allemagne de l'Ouest apparaît clairement.
Plusieurs études académiques se sont penchées sur ce "gap de bonheur" en Allemagne en utilisant des enquêtes plus précises, par exemple le panel socio-économique allemand (Petrunyk and Pfeifer, 20163).
Ces études fournissent deux enseignements-clés :
- D'abord, l'écart s'est resserré au cours des années récentes, qu'il s'agisse des moyennes brutes ou des moyennes en comparant des personnes de même milieu social et professionnel.
- Les écarts de revenu et de taux de chômage contribuent de manière très importante à expliquer les écarts de satisfaction de vie. Cependant, même après neutralisation de ces différences, l'écart entre Est et Ouest persiste.
Ce dernier fait, que les déterminants socio-économiques n'épuisent pas ce type de contraste, est un phénomène que l'on rencontre fréquemment : la culture et l'histoire des populations constituent des éléments explicatifs importants. En particulier, les pays ex-soviétiques ont souvent des niveaux de bonheur subjectif plus faibles que des pays à des niveaux de vie comparables.
Inégalités de bonheur dans les pays riches
La General Social Survey aux États-Unis couvre chaque année un échantillon de 1 500 répondants, depuis 1972, et constitue une source fondamentale pour comprendre les évolutions de long terme dans ce pays.4 Sur la base de cette enquête, Stevenson and Wolfers (2008) montrent que si la moyenne américaine est restée globalement stable, les inégalités dans le bien-être subjectif ont significativement diminué durant les dernières décennies.5 Cette réduction s'observe pour plusieurs définitions de l'inégalité, qu'il s'agisse de la dispersion des réponses (une société est d'autant plus inégale que les réponses sont polarisées vers les extrêmes) ou qu'il s'agisse des écarts entre groupes de population. Sur la période de leur étude, les deux tiers de l'écart entre Américains blancs et Africains-Américains a disparu (même si les premiers restent en moyenne plus heureux, même après neutralisation des écarts de diplôme et de revenu), et l'écart entre hommes et femmes (les femmes tendaient à être en moyenne un peu plus heureuses) a disparu.6
Ces résultats corroborent ceux d'autres études qui aboutissent aussi au constat d'une diminution des inégalités dans l'évaluation du bonheur (et de la satisfaction de vie). Les chercheurs ont en particulier noté un lien positif entre croissance économique et réduction de ces inégalités, même dans les cas où la croissance économique s'est accompagnée d'une augmentation des inégalités de revenu. Le graphique ci-dessous, issu de Clark, Flèche et Senik (2015) l'illustre sur un panel de pays développés.7
Dans ce graphique, l'inégalité est mesurée par la dispersion des réponses (l'écart-type) dans la World Values Survey. La tendance à la baisse de l'inégalité est visible, et dans leur article les auteurs montrent que l'inverse est vrai (les inégalités de bien-être s'accentuent) dans les pays en récession.
Comment expliquer que les inégalités de bien-être diminuent alors que les inégalités de revenu augmentent ? Pour les auteurs, une partie de la réponse tient dans le fait que la croissance économique permet de financer les services publics et autres biens publics, ce qui resserre la distribution de bien-être. Cela est indépendant des inégalités de revenu dans la mesure où certains biens publics, comme un système de santé publique, affectent les revenus et le bien-être de manière différente.
Une autre explication, plus sociologique, est que la croissance économique dans ces pays s'est traduite par une société plus diversifiée dans ses modes d'expression culturelle, avec une meilleure acceptation de certains comportements ou modes de vie. Cela a permis la convergence vers la moyenne de groupes stigmatisés pour leur origine, leur sexualité ou leur apparence, au moment même où les revenus, les goûts et les modes de consommation devenaient plus inégalitaires.
Corollaires, déterminants et conséquences du bien-être
Le revenu
Plus un pays est riche, plus il est heureux (en moyenne)
Si on compare les pays à une même date, on voit immédiatement que les pays disposant d'un revenu moyen par habitant plus élevé affichent des moyennes de satisfaction de vie également plus élevées. C'est ce qu'illustre le graphique ci-dessous, où chaque point représente un pays. L'axe vertical restitue la moyenne de la satisfaction de vie dans ce pays (toujours de 0 à 10). L'axe horizontal représente le PIB par habitant, en dollars, ajusté des différences de pouvoir d'achat. Par défaut, l'échelle horizontale est logarithmique, afin de pouvoir mieux comparer des pays de niveaux de richesse très différents. La relation s'affiche très nettement, avec tous les pays qui s'organisent autour de la diagonale du graphique.
Cette relation persiste si on neutralise l'effet d'autres caractéristiques mesurables, comme la structure démographique (pour plus de détails, voir le chapitre 2 du World Happiness Report). Nous allons voir que cela est également vrai dans le temps, et à l'intérieur de chaque pays.
Plus une personne est riche, plus elle estime être heureuse
Le constat que les pays riches sont en moyenne plus heureux que les pays pauvres s'étend à l'intérieur de chaque pays : une personne riche est en moyenne plus heureuse qu'une personne pauvre du même pays. Le graphique ci-dessous illustre le phénomène. Chaque carré correspond à un pays. À l'intérieur de chaque carré, l'axe horizontal représente le revenu. Nous disposons pour chaque pays de cinq points, correspondant aux quintiles de revenu (20% les plus pauvres, 20% suivants, etc.). L'axe vertical représente la moyenne des réponses à la question sur la satisfaction de vie (toujours de à 10).
Dans la qualité totalité des pays, la courbe reliant ces points est croissante : les personnes aux revenus plus élevés donnent une réponse moyenne plus élevée que celles aux revenus moins élevés. La forme précise de la courbe varie toutefois d'un pays à l'autre.
Le graphique suivant restitue les mêmes données, mais avec tous les pays sur le même graphique. Si la relation dans chaque pays y est moins lisible, la relation générale apparaît très clairement.
Un instantané de la relation entre revenu et bien-être
Dans le graphique ci-dessous, nous combinons les trois graphiques précédents en un seul, afin de rassembler ce que nous avons constaté sur les comparaisons entre pays avec ce que nous avons constaté à l'intérieur de chaque pays. L'axe horizontal représente le PIB par habitant, l'axe vertical la réponse moyenne à la question sur la satisfaction de vie. Pour chaque pays, nous ajoutons une flèche. La direction de la flèche indique la force de la relation entre le revenu et la satisfaction de vie pour ce pays : plus la flèche pointe vers le haut, plus cette relation est forte8. On retrouve ainsi les deux éléments : l'organisation des points autour de la diagonale, signifiant que les pays plus riches ont des niveaux de satisfaction de vie plus élevés, et des flèches qui pointent globalement dans la même direction : dans chaque pays, les personnes riches se disent plus heureuses que les personnes pauvres.
Il est important de noter que l'axe horizontal est logarithmique. Cela signifie que plus on augmente en PIB/habitant, plus l'augmentation de bien-être pour une augmentation de richesse donnée est faible.
Globalement, ce graphique démontre deux choses :
- À aucun point on n'observe de rupture de la relation entre revenu et bien-être (le mouvement d'ensemble n'est jamais plat).
- Une augmentation du revenu est associée à la même augmentation de la satisfaction, quelle que soit la position dans la distribution globale.
Des études de référence (par exemple Stevenson and Wolfers, 2008) montrent que ces relations sont robustes, c'est-à-dire qu'elles continuent de fonctionner si on neutralise les caractéristiques observables des pays, comme la structure démographique, ou qu'on considère différentes sources de données, ou d'autres questions relatives au bien-être.9
Croissance économique et bien-être
Les graphiques ci-dessus démontrent une relation à un instant donné entre revenu et bien-être. Une relation du même type, quoique moins forte, relie la croissance économique et le bien-être. En d'autres termes, quand un pays s'enrichit, la moyenne des réponses aux questions sur le bien-être augmente. Le graphique suivant utilise la World Values Survey pour représenter la croissance du PIB/habitant (axe horizontal) et la part des personnes d'un pays qui se disent “très heureuses” ou “assez heureuses”. Pour chaque pays, on représente le premier et le dernier point disponible10.
Il apparaît que les pays qui connaissent une croissance économique voient aussi croître la part de leur population qui s'estime heureuse. Comme précédemment, on peut démontrer que cette relation persiste quand on neutralise les effets de structure démographiques et autres caractéristiques observables des pays (Stevenson and Wolfers, 2008).
Il faut noter ici que cette relation est vraie en moyenne. Certains pays connaissent des périodes de croissance sans progression du bien-être, les États-Unis étant un exemple important.
Le Paradoxe d'Easterlin
Cette observation que la croissance économique n'entraîne pas toujours une progression du bien-être fut faite pour la première fois dans les années 1970 par l’économiste américain Richard Easterlin. Depuis, ce constat, baptisé "Paradoxe d'Easterlin”, a fait l'objet d'une vive discussion.
Au cœur de ce paradoxe se tient le fait que si les pays riches tendent à avoir des niveaux de bien-être plus élevés, ces niveaux n'ont pas ou peu augmenté au cours des années 1970, pourtant décennie de forte croissance. De ce fait, la dynamique constatée sur les pays riches au cours du temps semblait contradictoire avec les enseignements tirés de la comparaison entre pays à un instant précis.
Une partie de l'explication tient au fait qu'Easterlin et la première génération de chercheurs s'intéressant à ces sujets utilisaient majoritairement des données venues des États-Unis et du Japon. Or, le mode de construction de ces données explique une partie de cette contradiction.
Commençons par le cas du Japon. Les premières questions relatives au bien-être remontent à 1958, et reflètent une grande stabilité du bien-être subjectif, alors que le Japon a connu une croissance économique exceptionnelle jusqu'aux années 1980 (voir par exemple ce graphique tiré de Easterlin and Angelescu, 2011).11 Si on regarde plus précisément ces données, il apparaît toutefois que les choses sont plus complexes.
Stevenson and Wolfers (2008) ont ainsi montré que la formulation de la question dans l'enquête japonaise a changé au cours du temps.9 Cela rend difficile (en fait pratiquement impossible) de suivre les évolutions sur l'ensemble de la période. Le graphique ci-dessous représente les réponses à la question relative au bien-être, en faisant apparaître les années où la formulation de la question a changé. On voit que sur chaque sous-période où la question reste la même, la relation croissante entre PIB par habitant et satisfaction de vie est croissante, et que c'est un effet de changement de base quand on change la question qui donne l'illusion d'une stabilité.
Dans le cas des États-Unis, l'explication est différente, liée à la structure même de la croissance. En effet, la croissance économique au cours des États-Unis des dernières décennies n'a pas bénéficié à la majorité de la population. Les inégalités de revenu sont exceptionnellement élevées dans ce pays et ont augmenté pendant les 40 dernières années, le revenu médian des ménages grimpant beaucoup plus lentement que les revenus des 10% les plus riches. De ce fait, dans le cas des États-Unis, la croissance du PIB par habitant ne reflète pas la croissance, beaucoup plus faible, du niveau de vie de la majorité de la population.
Bien-être et santé
Espérance de vie et satisfaction de vive
La santé constitue un prédicteur important de la satisfaction de vie, qu'on analyse les données des pays entre eux, ou au sein de chaque pays. Le graphique suivant illustre la comparaison entre pays. Chaque point représente un pays. L'axe vertical représente l'espérance de vie à la naissance et l'axe horizontal la satisfaction de vie (de 0 à 10, toujours). L'organisation des points autour de la diagonale montre que la relation entre ces deux grandeurs est forte et positive : les pays où les gens vivent plus longtemps ont une satisfaction de vie moyenne supérieure. La même relation existe avec d'autres métriques de santé, comme la mortalité infantile.
Bien évidemment, de nombreux autres facteurs contribuent à cette relation positive : en général, les pays avec une plus longue espérance de vie sont aussi plus riches. Il est toutefois possible de montrer que la relation persiste après neutralisation des effets de revenu et de démographie, et même l'existence d'une protection sociale développée (voir le chapitre 2 du World Happiness Report).
L’influence des événements de la vie
Comment les grands événements de la vie, comme un mariage, un divorce, ou un deuil, influent-ils le bien-être subjectif ? Les recherches disponibles tendent à montrer une forte tendance des individus à revenir, assez rapidement, à un niveau de bien-être similaire à celui observé avant la survenue de l'événement.
Clark et al. (2008) utilisent le Panel socio-économique allemand pour identifier les personnes exposées à un événement important dans leur vie personnelle ou professionnelle13. Le graphique ci-dessous résume leurs principaux résultats. Dans chaque panneau, la ligne rouge retrace la trajectoire moyenne du bien-être subjectif quelques années avant et après les différents types d'événements (les segments en noir restituent les intervalles de confiance). Toutes les trajectoires neutralisent les caractéristiques observables des individus, tels leur âge, niveau de diplôme ou revenus.
On remarque en premier lieu que la plupart de ces événements ne surviennent pas spontanément : les gens se déclarent de moins en moins heureux dans les années précédant un divorce, et inversement se déclarent de plus en plus heureux les années précédant un mariage.
En second lieu, on remarque que le plus souvent, les personnes s'adaptent à leur nouvelle situation, avec de grandes variations d'un individu à l'autre (les intervalles de confiance s'élargissent après l'événement). Dans le cas d'un divorce, la satisfaction de vie diminue fortement dans un premier temps, puis se redresse nettement et durablement. Le mariage illustre une dynamique inverse. Le fait de tomber au chômage fait exception, avec un impact négatif qui persiste dans la durée.
Handicap et satisfaction de vie
Illustration de la résilience humaine aux événements, plusieurs études ont relevé que des personnes lourdement handicapées physiquement (des paraplégiques) ne se disaient pas spécialement plus malheureuses que les personnes valides (voir par exemple Brickman, Coates, and Janoff-Bulman, 1978).14 Ce constat a des conséquences très pratiques pour la manière d'envisager le bien-être, dans la manière de construire les politiques publiques mais aussi de calculer les dommages et intérêts en cas d'accident conduisant à un handicap. Toutefois, on compare deux populations différentes : paraplégiques et valides sont différents dans de nombreuses autres dimensions que leur degré de handicap. Il faut donc considérer des études de panel, où certaines personnes sont touchées par une réduction de leur validité.
C'est ce que font Oswald and Powdthavee (2008), dans un article dont est issu le graphique ci-dessous.15
Le graphique ci-dessous, tiré d'Oswald et Powdthavee, montre la satisfaction moyenne d'un groupe de personnes qui sont devenues gravement handicapées (à l'instant T) et qui sont restées gravement handicapées au cours des deux années suivantes (T+1 et T+2). Ici, "gravement handicapé" signifie que le handicap les a empêchées durablement d'effectuer des activités de la vie courante.
Comme nous pouvons le voir (et comme les auteurs le montrent plus précisément grâce à des techniques économétriques) les personnes qui deviennent invalides subissent une chute soudaine de leur satisfaction de vie et ne se rétablissent que partiellement. Cela confirme l'idée que bien que l'adaptation joue un rôle pour les événements courants de la vie, la notion de satisfaction dans la vie est en effet sensible aux événements tragiques.
Culture et société
Culture et satisfaction de vie
Les comparaisons entre pays suggèrent que la culture et l'histoire des populations ont une influence profonde sur leur bien-être, indépendamment de leur niveau de richesse ou d'éducation. À titre d'exemple, le graphique ci-dessous montre que les pays d'Amérique latine, assez similaires en termes d'histoire et de culture, ont en moyenne une satisfaction de vie plus élevée que des pays de niveau de richesse similaire (situés au même endroit sur l'axe horizontal). L'inverse s'observe lorsqu'on regarde les pays ex-soviétiques.
Plusieurs études académiques, principalement dans le domaine de la psychologie expérimentale, mettent en évidence d'autres phénomènes liant culture et bien-être. Par exemple, Diener and Suh (2002) écrivent :
“Les années récentes ont vu l'exploration des impacts des différences entre cultures sur le bien-être, avec le constat qu'il existe des différences profondes dans la définition de ce qui rend les gens heureux. L'estime de soi, par exemple, est moins fortement associée à la satisfaction de vie, et l'extraversion moins fortement associée à des sensations positives, dans les cultures collectivistes que dans les cultures individualistes.”16
À notre connaissance, il existe encore peu d'études décrivant sur une base quantitative les mécanismes liant culture et bonheur. Il semble toutefois intuitif de penser que des facteurs culturels façonnent ce que les gens ont en tête, individuellement et collectivement, quand ils parlent de bonheur ou de sens de la vie.
Sentiment de liberté et satisfaction de vive
Un élément central par lequel l'environnement social peut affecter le bonheur est la liberté : le degré de liberté de la société dans laquelle nous vivons détermine de façon cruciale l'univers des possibles pour mener notre vie.
Le graphique ci-dessous montre la relation entre le sentiment subjectif de liberté et la satisfaction de vie, sur la base du Gallup World Poll. La variable mesurant la satisfaction de vie est celle que nous avons utilisée tout au long de ce document. Celle mesurant la liberté correspond à la part des personnes dans chaque pays qui est en accord avec l'affirmation "Dans ce pays, je suis satisfait·e du degré de liberté dont je dispose pour choisir ce que je fais de ma vie".17 La relation est claire et positive : les pays dans lesquels les personnes se sentent plus libres et en contrôle de leur vie ont aussi des niveaux moyens de satisfaction de vie plus élevés. Inglehart et al. (2008) montrent que cette relation persiste lorsqu'on neutralise les facteurs matériels ainsi que des facteurs culturels mesurables, comme le degré de religiosité des populations.18
De manière intéressante, le graphique montre aussi que s'il existe des pays où le sentiment de liberté est élevé et la satisfaction faible (le Rwanda par exemple), il n'existe aucun pays où le sentiment de liberté serait faible et la satisfaction élevée.
S'il n'existe pas d'étude démontrant rigoureusement les mécanismes causaux, il semble bien que le sentiment de liberté soit non seulement un déterminant de la satisfaction de vie, mais aussi une condition nécessaire pour l'atteinte d'un certain niveau de satisfaction à l'échelle d'un pays.
Influence des médias
Plusieurs études ont montré qu'il existe un lien entre l’humeur et l’exposition à des nouvelles à caractères négatif. Johnston and Davey (1997) par exemple, ont modifié une courte émission de télévision pour y montrer selon les cas plutôt des contenus négatifs, neutres, ou positifs.19 Les personnes ayant visionné la version présentant le plus de contenus négatifs étaient plus susceptibles de se dire tristes. Or, les médias ont une préférence marquée pour les événements négatifs (guerres, catastrophes, etc.) et pour une couverture négative des événements en général (voir, par exemple, Combs and Slovic 1979).20 Bien évidemment, l'humeur n'est pas identique à la satisfaction de vie. Cependant, les deux aspects sont intimement liés.
Par ailleurs, notre évaluation du sens de notre vie ainsi que l'appréciation de notre satisfaction sont fortement influencées par l'image que nous avons de l'état du monde et de la société. Cette image est à son tour façonnée très largement par les médias. Le biais médiatique favorable aux événements négatifs nous conduit souvent à penser que ces événements sont beaucoup plus fréquents et probables qu'ils ne le sont en réalité.21
Qualité des données et mesures
Peut-on réellement mesurer le bonheur ?
Demander aux personnes ce qu'elles pensent et ressentent constitue la méthode la plus directe et la plus courante pour mesurer le bien-être subjectif. En pratique, les sciences sociales emploient pour ce faire des questions directes relatives au bonheur ou à la satisfaction de vie. Les premières mesurent plutôt les aspects émotionnels du bien-être ("je me sens heureux"), tandis que les secondes se réfèrent plus à une évaluation raisonnée du bien-être ("je pense que je vis une vie satisfaisante").
Ces évaluations subjectives du bien-être sont associées avec des manifestations extérieures, comme le sourire ou la gaieté, qui sont également associées à l'idée de bien-être. Dans ce graphique, par exemple, on voit que les pays ayant le niveau de satisfaction le plus élevé sont aussi ceux où les personnes sourient le plus souvent. La psychologie expérimentale a également déterminé que l'évaluation du bien-être subjectif était associée avec les parties du cerveau activées par les sensations de plaisir et de satisfaction. Cliniquement, les personnes qui disent être heureuses dorment mieux et expriment plus souvent des émotions positives quand elles parlent.
Quelles différences entre "satisfaction de vie" et "bonheur" ?
Dans cet article, nous nous sommes appuyés tantôt sur des évaluations du bonheur, tantôt sur celles relatives à la satisfaction de vie. Si les deux sont des composantes centrales du bien-être, elles ne sont pas interchangeables. Typiquement, la World Values Survey comporte une question directe relative au bonheur : "Tout bien considéré, diriez-vous que vous êtes… (i) Très heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas très heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas" .22 Le Gallup World Poll de son côté utilise l'échelle de 0 à 10 que nous avons décrite précédemment : "Imaginez une échelle avec des barreaux numérotés de zéro en bas à dix en haut. Le barreau du haut représente la meilleure vie possible pour vous, le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir à ce moment de votre vie ?"
Comme le montre le graphique ci-dessous, les deux mesures sont très liées, mais pas identiques : des pays partageant un même score sur une mesure peuvent avoir des scores très différents dans l'autre. Ces écarts reflètent les deux aspects fondamentaux du bien-être : le côté émotionnel d'une part, le côté rationnel et cognitif d'autre part. La distinction entre ces deux côtés n'est évidemment pas absolue, et les deux questions se recouvrent sur un certain nombre d'aspects. C’est pourquoi il est courant de construire des index de bien-être qui sont des moyennes de plusieurs questions relatives au bien-être.
Peut-on se fier aux moyennes de bien-être ?
Le plus souvent, les études de bien-être prennent comme point de départ la moyenne des réponses au sein d'une population donnée (pays, région, genre, niveau d’études, etc.), comme nous l'avons fait ici pour la plupart des comparaisons entre pays. À quel point pouvons-nous nous fier à ces moyennes ?
Les études disponibles nous apprennent que les enquêtes utilisant l'échelle de 0 à 10 (l'échelle de Cantril) sont relativement stables : les résultats sont sensiblement les mêmes qu'on demande aux personnes une évaluation numérique (de 0 à 10) ou qu'on leur propose une échelle textuelle (de "très mauvais" à "très bon").23 24
Toutefois, les moyennes de bien-être doivent être employées avec toutes les précautions habituelles dans l'usage d'une moyenne en général. Ainsi, si on regarde le bonheur par génération dans un pays, il peut apparaître que les personnes plus âgées ne sont pas plus heureuses que les personnes plus jeunes. Ce résultat peut toutefois résulter de l'influence contradictoire de deux facteurs : l'effet de l’âge (les personnes d'une génération donnée tendent à se dire plus heureuses au fur et à mesure qu'elles vieillissent) et l'effet de cohorte (quel que soit l'âge, les générations récentes sont plus heureuses que les générations plus anciennes). Si l'effet de cohorte est fort, on peut même avoir l'impression que les gens deviennent en moyenne plus malheureux avec l'âge, alors que chaque individu devient plus heureux avec l'âge. Il ne s'agit pas ici d'un exemple théorique : Sutin et al. (2013) ont montré sur des données américaines que les évaluations de bien-être subjectif augmentent avec l'âge, quelle que soit la génération de naissance, mais que les niveaux moyens de bien-être étaient avant tout déterminés par le lieu de naissance (effet de cohorte).25
La barrière des langues
Il peut nous venir à l’esprit que les différences linguistiques doivent être un obstacle majeur dans les comparaisons de bien-être entre pays. Mais de multiples études suggèrent toutefois que le problème est moins important qu'il n'y paraît.
Sur le plan de ce qui est mesuré, des entretiens au cours desquels les participants utilisaient des photos ou des vidéos pour évaluer l'état émotionnel des personnes (il devaient dire si la personne représentée était heureuse ou malheureuse) ont montré que nous étions capables d'identifier cet état même chez des personnes culturellement éloignées de nous. Voir par exemple Sandvik et al., 1993 ou Diener et Lucas, 1999.26
Les études ont également montré que les "émotions indigènes" (indigenous emotions), pour lesquelles il n'existe pas d'équivalent dans une autre langue, ne sont pas ressenties plus fréquemment ou différemment des émotions pour lesquelles il existe un équivalent établi dans les autres langues (Scollon et al. 2005).27
Il semble donc exister un socle commun, assez universel, sur ce que les humains désignent par "être heureux". De ce fait, les résultats d'enquêtes fournissent une information suffisamment pertinente pour servir de base aux comparaisons entres groupes et entre pays.
Endnotes
Pour être précis, dans 27 cas sur les 31 pour lesquels on dispose de plus de dix ans de données, le point le plus récent est supérieur au premier point.
Dans certains cas, les données sous-jacentes présentent plusieurs moyennes pour un même territoire (p. ex. le Bade et le Württemberg étaient traités comme deux entités différentes). Dans ces cas, la carte restitue la moyenne des deux observations. Détails disponibles dans ce fichier
Petrunyk, I., & Pfeifer, C. (2016). "Life satisfaction in Germany after reunification: Additional insights on the pattern of convergence". Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik, 236(2), 217-239.
La GSS pose une question très similaire à celle de la World Values Survey : “Taken all together, how would you say things are these days—would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?”
Stevenson, Betsey, and Justin Wolfers. "Happiness inequality in the United States." The Journal of Legal Studies 37.S2 (2008): S33-S79. Une version de travail est en accès libre ici.
Ces résultats ont fait l'objet d'une discussions, dont on trouvera un bon résumé (en anglais) sur le blog Freakonomics, gender gaps.
Clark, Andrew E., Sarah Flèche, and Claudia Senik. "Economic growth evens out happiness: Evidence from six surveys." Review of Income and Wealth (2015). Une version de travail est disponible ici
Pour être précis, le gradient correspond, pays par pays, au coefficient de régression entre les quintiles de revenu et la satisfaction de vie moyenne pour chaque quintile.
Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). "Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox". Brookings Papers on Economic Activity, 1-87. Une version de travail est disponible ici.
L'Egypte, présente dans la base de donnée, a été exclues dans la mesure où la dernière observation, datée de 2014, reprend des données de 2012, collectées lors d'une période de très forte instabilité.
R.A. Easterlin and L. Angelescu – "Modern Economic Growth and Quality of Life: Cross-Sectional and Time Series Evidence" in Land, Michalos, and Sirgy (ed.) (2011) – Handbook of Social Indicators and Quality of Life Research. Springer.
Graphique tiré de Stevenson B, Wolfers J (2008) - "Economic Growth and Subjective Well-Being: Reassessing the Easterlin Paradox". Brookings Paper Econ Activ 2008 (Spring):1–87. Source des données : Life in Nation surveys, 1958–2007. Remarque des auteurs : "Les séries dans chacun des panneaux restituent les réponses à une question différente relative à la satisfaction de vie, et de ce fait les comparaisons ne peuvent se faire qu'à l'intérieur d'un même panneau. Le PIB par habitant est calculé en dollars 2000 constants ajustés de la parité de pouvoir d'achat."
Clark, A. E., Diener, E., Georgellis, Y., & Lucas, R. E. (2008). "Lags and leads in life satisfaction: A test of the baseline hypothesis". The Economic Journal, 118(529).
Brickman, P., Coates, D., & Janoff-Bulman, R. (1978). "Lottery winners and accident victims: Is happiness relative?". Journal of personality and social psychology, 36(8), 917. Chicago. Disponible ici.
Oswald, A. J., & Powdthavee, N. (2008). "Does happiness adapt? A longitudinal study of disability with implications for economists and judges". Journal of public economics, 92(5), 1061-1077.
Diener, E., Oishi, S., & Lucas, R. E. (2009). "Subjective well-being: The science of happiness and life satisfaction". Oxford handbook of positive psychology, 2, 187-194.
Pour être précis, le Gallup World Poll demande : "In this country, are you satisfied or dissatisfied with your freedom to choose what you do with your life?"
Inglehart, R., Foa, R., Peterson, C., & Welzel, C. (2008). "Development, freedom, and rising happiness: A global perspective (1981–2007)". Perspectives on psychological science, 3(4), 264-285.
Johnston, W. M., & Davey, G. C. (1997). "The psychological impact of negative TV news bulletins: The catastrophizing of personal worries". British Journal of Psychology, 88(1), 85-91.
Combs, B., & Slovic, P. (1979). "Newspaper coverage of causes of death". Journalism Quarterly, 56(4), 837-849.
Riddle, 2010, "Always on my mind: Exploring how frequent, recent, and vivid television portrayals are used in the formation of social reality judgments." Media Psychology.
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Van Praag, B.M.S. (1991). "Ordinal and cardinal utility: an integration of the two dimensions of the welfare concept", Journal of Econometrics, vol. 50, pp. 69–89.
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Sandvik, E., Diener, E. and Seidlitz, L. (1993). "Subjective well-being: the convergence and stability of self and non self report measures", Journal of Personality, vol. 61, pp. 317–42. Diener, E. and Lucas, R.E. (1999). "Personality and subjective well-being", in Kahneman et al. (1999) chapter 11.
Scollon, C. N., Diener, E., Oishi, S., & Biswas-Diener, R. (2004). "Emotions across cultures and methods". Journal of cross-cultural psychology, 35(3), 304-326.
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Esteban Ortiz-Ospina and Max Roser (2017) - “Bonheur et satisfaction” Published online at OurWorldinData.org. Retrieved from: 'https://ourworldindata.org/bonheur-et-satisfaction' [Online Resource]
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